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Le curriculum caché

 Écrit par : SVT Égalité


Dans le cadre de nos enseignements, nous transmettons deux types de notions : celles qui relèvent du programme officiel (le « curriculum formel ») et d'autres, inconscientes, jamais formalisées, qui constituent le « curriculum caché ». Il est nécessaire d'avoir conscience et de travailler ces deux curriculums pour en maîtriser le contenu : ils sont parfois en grande contradiction. C'est via ce curriculum caché que se transmettent aux élèves la plupart des représentations racistes, sexistes, homophobes, capacitistes…

 

Le terme de curriculum « caché », ou « latent », désigne l’ensemble de ces « ces choses qui s'acquièrent à l'école (savoirs, compétences, représentations, rôles, valeurs) sans jamais figurer dans les programmes officiels » (Jean-Claude Forquin cité par Nicole Mosconi dans Genre et pratiques scolaires : comment éduquer à l'égalité ?). Le contenu du programme officiel correspond quant à lui au curriculum « formel » ou « explicite ».

L’ensemble de ce contenu se transmet année après année, de manière inconsciente pour les élèves et le plus souvent aussi pour les enseignants, et ce dès la maternelle. Or c'est au travers de ce curriculum caché que l'ont transmet, via l'enseignement et les supports pédagogiques (non neutres), des attentes orientées en fonction du sexe ou du milieu social, que se mettent en place des interactions différentes selon ces attentes (voir effet Pygmalion), que l'on diffuse la plupart des représentations racistes, sexistes, homophobes, capacitistes…

Il y a d'ailleurs souvent une grande contradiction entre les valeurs transmises via le curriculum formel (le programme) qui peut par exemple être profondément anti-raciste – on déconstruit par exemple le concept de race ou on analyse la diversité comme un avantage sélectif – et le curriculum caché, qui lui participe à la construction chez les élèves de représentations stéréotypées profondément racistes – par exemple en n'évoquant que des scientifiques occidentales ou occidentaux et en ne présentant des personnes non blanches que dans le cadre de représentations liées au sport ou à la malnutrition… De la même façon, ne présenter aucune femme ayant contribué à l'histoire des sciences (alors qu'il y en a bien sûr, que nous vous présentons dans Histoire des sciences : les « oubliées ») participe à créer la représentation de la supériorité des hommes dans les sciences, et donc l’association du domaine des sciences au masculin. Ne représenter des personnes en situation de handicap que dans un chapitre concernant le handicap contribue à les réduire à leur handicap.

On entend parfois l’argument – dans la bouche d’opposant·e·s à l’éducation à l’égalité – que l’école doit transmettre des notions, pas des contenus d’ordre politique ou sociétal. Outre le fait que c’est une vision fort restreinte du rôle de l’Éducation nationale, c’est aussi oublier ou nier le fait qu’il est absolument impossible de distinguer les deux : lorsqu'on fait travailler nos élèves sur un arbre généalogique de génétique, la situation familiale représentée (couple hétérosexuel, couple homosexuel, famille recomposée, adoption, etc.) participe à la construction de représentations chez les élèves, quand bien même, officiellement, seule est inculquée la notion de transmission des caractères héréditaires.

Il est donc fondamental, pour tout⋅e enseignant⋅e connaissant l’existence de ce curriculum caché, de prendre conscience à la fois d’attentes et d'interactions différentes selon les élèves  – autant que faire se peut puisque c’est ce qui est le plus difficile à déterminer –, et des représentations transmises au travers des exemples donnés (par le nom, la fonction, le sexe des protagonistes cités) ou aux supports pédagogiques, afin d’en maîtriser davantage le contenu.