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Eunice Foote

Publication : 19/04/2017
Écrit par : Harold Lopparelli

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Scientifique et militante féministe étatsunienne, Eunice Foote est à l’origine d’une expérience permettant de suggérer pour la première fois que le dioxyde de carbone contribue de façon importante au réchauffement de l’atmosphère, c'est-à-dire qu’il est ce qu’on appelle aujourd’hui un gaz à effet de serre.

On connaît peu de choses sur sa vie et ses travaux scientifiques. Elle participe en 1848 à la Convention de Seneca Falls pour les droits des femmes, la première du genre organisée aux États-Unis par des femmes elles-mêmes ; elle est signataire de la Déclaration des sentiments rédigée suite à cette Convention sur le modèle de la Déclaration d’indépendance des États-Unis.

Elle est l’auteure de deux articles scientifiques consacrés à la physique des gaz. En 1856, elle présente une expérience simple permettant de mesurer l’effet thermique des rayons du Soleil sur deux cylindres de verre équipés de thermomètres, l’un des récipients contenant de l’air, l’autre du dioxyde de carbone. Le récipient contenant du dioxyde de carbone se réchauffe plus que le récipient témoin, et en fin d’expérience met plus de temps à refroidir.

Cette expérience précède de quelques années celle du physicien irlandais John Tyndall, qui était considéré jusqu’en 2011 comme le premier scientifique à avoir étudié le réchauffement de certains gaz atmosphériques (vapeur d’eau, dioxyde de carbone, méthane), et leur rôle possible dans les variations climatiques. En 1856, le travail d’E. Foote est rendu peu visible dans la réunion annuelle de l’Association Américaine pour l’Avancement de la Science où il est présenté : elle n’est pas autorisée à le faire elle-même – un homme la remplace – alors que son mari, le juge Elisha Foote, peut exposer lui-même une étude qu’il a réalisée sur un sujet proche.

En comparaison avec le montage expérimental plus complexe de J. Tyndall, cette expérience possède plusieurs paramètres non contrôlés qui en rendent difficile l’interprétation rigoureuse. Cependant, elle a permis à E. Foote de proposer un raisonnement qui a gardé toute sa pertinence : « une atmosphère constituée de ce gaz [le dioxyde de carbone] donnerait à notre planète Terre une température élevée ; et si, comme certains auteurs le croient, l’air en contenait une proportion plus importante à une certaine période de son histoire, cela aurait nécessairement eu pour résultat une température plus élevée […]. »

Cette explication reliant les variations du taux de dioxyde atmosphérique et celles de la température de notre planète a, aujourd’hui encore, une importance centrale dans l’explication du dérèglement climatique global. Lorsqu’E. Foot l’a proposée pour la première fois, au milieu du XIXème siècle, ce taux valait environ 285 ppm ; il a aujourd’hui dépassé les 400 ppm, soit 0,04 %. 

 

Références :
– [en] Raymond P. Sorenson, « Eunice Foote's Pioneering Research On CO2 And Climate Warming », Search and Discovery, AAPG/Datapages, #70092, 2011 (consulté le 5 avril 2017)
– [en] Leila McNeill, « This Lady Scientist Defined the Greenhouse Effect But Didn’t Get the Credit, Because Sexism », Smithsonian Magazine, 05/12/2016 (consulté le 5 avril 2017)

Sources primaires :
– [en] Eunice Foote, « Circumstances affecting the Heat of the Sun's Rays », The American Journal of Science and Arts. art. XXXI, p. 382-383, vol. XII, nov. 1856 (consulté le 5 avril 2017)
– [en] Anonyme, « Scientific Ladies. Experiments with Condensed Gases », Scientific American, vol. 12-1, p. 5, 1856 (consulté le 5 avril 2017)